Réunion de trois Rage Against The Machine (Tom Morello, Tim Commerford et Brad Wilk), deux Public Enemy (Chuck D et DJ Lord) et un Cypress Hill (B-Real), Prophets of Rage était attendu au tournant. Comment raviver la flamme des nineties et proposer une fusion rap-rock fraîche et de qualité quasiment deux décennies après son âge d’or ? Mission difficile pour le sextet qui s’était fixé pour objectif de “make America rage again” durant la campagne électorale américaine avant l’inéluctable élection de l’homme au toupet.

Alors évacuons d’emblé ce qui gêne pour mieux profiter du reste par la suite.
Premièrement, difficile de ne pas esquisser un sourire devant cette énième récupération de l’imagerie bolchévique par un groupe de quinquagénaires multimillionnaires qui dort désormais aux frais d’Universal dans tout ce que la planète compte de palaces. Après tout, Staline ne séjournait probablement pas au Campanile… la logique est respectée.
Deuxièmement, qui a bien pu dire à cet excellent rappeur qu’est B-Real “Mais oui vas-y mec, c’est cool, tu peux chanter sur un ou deux titres si tu veux, t’as une chouette voix” ? A-t-on déjà entendu plus balourd et mal senti que cet énième hymne à la ganja, “Legalize Me”, massacré par le MC de Cypress Hill avec auto-tune et toute l’armada cache-misère sur fond de textes d’une pauvreté affligeante ? Probablement pas.

Une fois ces doléances exprimées et pardonnées, ne reste donc plus qu’à profiter.
Quand la machine se met à tourner et à délivrer exactement ce qu’on en attend, difficile de rester de marbre. Car si DJ Lord doit pas mal bailler derrière ses platines tant sa présence est discrète, les autres s’en donnent à coeur joie et ont suffisamment de bouteille pour faire le métier avec panache. Les trois RATM (armés d’un son colossal signé Brendan O’Brien) groovent comme aux belles heures de Zach tandis que la gouaille et le sens de la diction des deux MC font le reste.

Quelques chouettes fulgurances guitaristiques d’un Morello toujours au top, une poignée de titres irrésistibles (“Living On The 110”, “Hail To The Thief”, “Take Me Higher”…), de la bonne grosse fusion rap-rock qui fait bouger la tête et l’affaire est pliée.

Pas de quoi se taper le cul par terre devant si peu de créativité (l’album ressemble exactement à ce qu’on en imaginait) mais c’est globalement suffisamment plaisant et efficace pour que ces 40 minutes défilent à la vitesse de la lumière. 40 minutes, soit la durée idéale pour préparer tranquillement ses cocktails molotov dans son jacuzzi de Malibu Beach.


PROPHETS OF RAGE “Prophets Of Rage” [LP]

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