Damon Albarn n’est clairement pas une rock-star ordinaire. Doté d’un potentiel créatif hors-norme (qu’il aura lourdement mis à profit au sein de Blur, Gorillaz et The Good The Bad And The Queen), l’homme ne s’est pourtant jamais montré avare en collaborations diverses, dans le but avoué d’élargir son propre spectre musical. C’est pourtant du côté de l’album solo que s’aventure cette fois le presque-quinquagénaire avec ce “Everyday Robots” touché par la grâce.
Plus intime que jamais, le mancunien y livre une réflexion personnelle sur la modernité, l’isolement et le sentiment d’aliénation qui l’accompagnent en enrobant ses chansons squelettiques d’un spleen gris charbon. Exit les délires cartoonesques de Gorillaz, place à une collection de titres down tempo au sein desquels s’affrontent instrumentations électroniques et instruments acoustiques.
Hormis sur le dansant “Mister Tembo” (une ode à un éléphanteau orphelin dont le chanteur s’est pris d’affection en Tanzanie), l’ambiance générale est à la lenteur et à une mélancolie qui, étrangement, ne tourne jamais au cafardeux grâce à une forme de chaleur qu’Albarn insuffle à ses textes et à son interprétation (notamment durant les sept minutes du phénoménal “You & Me”).
Pas sur que les fans de la brit-pop de Blur adhérent à ce disque à la grisaille exigeante. Les plus ouverts y trouveront pourtant avec bonheur une série de titres poignants, fantastiquement mis en son.
On se regarde la vidéo du morceau-titre un peu plus bas. L’album est disponible en ligne et au magasin dans une très belle édition double LP + CD. 
